La Coca : Histoire, Chimie et Usages Actuels
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Cliquez ici pour: La culture de mastication de la coca trouve ses origines dans l’esclavage forcé, l’empoisonnement au mercure, le vol de l’argent bolivien, et le génocide colonial espagnol en Bolivie.
Pendant des milliers d’annéées, les indigènes de la région des Andes, en Amérique du Sud, ont mâché des feuilles de coca (Erythroxylum) et bu du thé à la coca (mate de coca), qui libèrent tous deux des alcaloïdes de coca dans le corps, un stimulant très doux comparable à une tasse de café ou de thé vert ou noir (une tasse de mate de coca contient environ 4 milligrammes d’alcaloïdes de coca bio). La douce stimulation générée par le mate de coca est due à l’alcaloïde de coca ou benzoylmethylecgonine (C17H21NO4), un hétérocycle /\/-méthyl, un groupe de produits chimiques qui inclut aussi la codéine (C18H21NO3) présente dans le sirop pour la toux, le sédatif. Le mate de coca est vendu légalement au Pérou, en Bolivie, en Colombie et en Equateur, et peut être acheté sans trop de problème au Chili. Parmi les marques de mate de coca, on compte Herbi, Delisse et Andes Spirit (produites au Pérou); et Windsor, EcoCaranavi et NovoAndina (fabriquées en Bolivie). La marque bolivienne Frutt’e Coca Mate, produite par Productos Ecologicos Naturalezea, est exportée en Colombie, au Pérou, au Costa Rica, en Italie et soi-disant aux Etats-Unis.
Cliquez ici pour: l'Histoire Chronologique de la Coca.
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des Commentaires Royaux: ou l'Histoire des Incas (1616).
L’alcalo&imul;de du coca n’est pas addictive
Le Brésil refuse l’importation des feuilles de coca non-addictives et non-toxiques pour le thé et ses dérivés. Pourtant, le Brésil est l’un des plus gros exportateurs mondiaux de feuilles de tabac hautement addictives et toxiques. Le Brésil est responsable de millions de morts chaque année des suites de cancers du poumon. Cette hypocrisie est une violation des droits de l’homme. Cliquez ici pour: Exportations mondiales de tabac, en quoi le tabac est la drogue la plus meurtrière du monde.
Pourquoi, le tabac et l’alcool sont plus dangereux que le thé de coca.
Il n’y a aucun effet psychoactif lié à la consommation de thé de coca. L’alcalo&imul;de de coca ne se dissout pas dans l’eau, et est éliminé une fois dans l’estomac. Il n’y a pas non plus d’effet psychoactif lors de la seule mastication de feuilles de coca. Les alcalo&imul;des de coca qui sont libérées et combinées à la salive, lorsqu’elles sont avalées (comme le font les habitants du Nord), produisent le même effet qu’avec le thé de coca : les alcaloïdes sont éliminées dans l’estomac. Le seul moyen d’obtenir un effet stimulant avec des feuilles de coca est de mettre un paquet de feuilles dans la bouche, enroulées autour d’une banane carbonisée, et de sucer cela comme un bonbon. La banane carbonisée active l’alcaloïde de coca, et devient stimulante seulement si elle est absorbée par la bouche, ce qui n’est pas chose aisée pour les habitants du Nord sans un peu d’entraînement.
Par conséquent, il y a très peu d’éléments prouvant que la consommation de feuilles de coca (thé de coca, mastication de feuilles, etc.) est addictive. Au pire, les extraits de coca sont aussi addictifs que la caféine, et beaucoup moins que les drogues bien plus meurtrières que sont l’alcool et la nicotine. En ce sens, les extraits de coca sont très différents de la cocaïne "de la rue", qui est la variante chlorhydrate de l’alcaloïde soluble (une ligne de cocaïne contient généralement de 20 à 30 milligrammes de chlorhydrate de cocaïne). Le chlorhydrate de cocaïne (C17H21NO4-HCl), est généralement moins addictif que la nicotine, et requiert de nombreux traitements chimiques afin d’être fabriqué, notamment des alcaloïdes de coca présents dans les feuilles. Les feuilles de coca sont à la cocaïne blanche (en poudre) ce que les raisins sont au vin ; ce qui explique qu’un kilo de feuilles de coca de qualité coûte 3 dollars alors qu’un kilo de cocaïne peut coûter jusqu’à 30 000 dollars à Miami. En effet, dans certains cas, les accros à la cocaïne sont sevrés de leur addiction en buvant des extraits de mate de coca. Boire un thé de coca est culturel et ne présente aucun risque, tandis que sniffer de la cocaïne est un bon moyen de se tuer encore plus vite que de fumer des cigarettes pleines de nicotine. En 2009, le président bolivien Evo Morales résumait ainsi : “Oui à la coca, non à la cocaïne !”
Cliquez ici pour: Evo Morales et la Réhabilitation de la Coca.
Cliquez ici pour: la Carte des Régions Cultivatrices de Coca en Bolivie.
La Chimie de l’Alcaloïde de Coca
L’alcaloïde de coca et la caféine prolongent le plaisir en partie en bloquant le recaptage de la dopamine dans le cerveau, ce qui prolonge l’activité de la dopamine (il est intéressant de noter que les polyphénols présents dans le thé vert et le yerba mate bloquent également le recaptage de dopamine – mais aucune étude n’a trouvé la présence de ces mêmes polyphénols dans le mate Erythroxylum). Consommer une tasse de café ou de mate de coca prolonge le plaisir ressenti sans ajouter de calories. De plus, l’alcaloïde de coca et la caféine augmentent tous deux le niveau d’endorphines. Une ruse de la nature a fait que les alcaloïdes solubles dans l’eau, tels que la caféine, la nicotine, et l’hydrochloride de cocaïne (rapidement absorbables par l’organisme et entrainant une production de plaisir), ressemblent beaucoup à une enzyme importante aux fonctions cellulaires, la xéronine, qui est rapidement absorbée par les cellules.
Industriellement, l’alcaloïde de coca est synthétisée avec l’alcaloïde tropinone (C8H13NO), qui possède une structure de base tropanique. Les tomates et les pommes de terre sont sources d’alcaloïdes solanacées, qui ont également une structure de base tropanique, et qui peuvent être convertis en alcaloïdes ecgnonines puis en alcaloïdes de coca. La nicotine est un alcaloïde solanacée, non-tropanique (même si les biosynthèses de la nicotine et des tropanes commencent tous deux par un cycle de pyrrolidine). Cliquez ici pour: un graphique du processus de synthèse chimique de ces éléments chimiques.
Cliquez ici pour: L’identification et la quantification des alcaloïdes dans le thé de coca
Forensic Science International, 1996).
Coca-Cola
La version originale du Coca-Cola inventée par John Stith Pemberton en 1886 à Atlanta contenait environ 9 milligrammes d’alcaloïdes de coca. Environ 142 grammes d’Erythroxylum (feuilles de coca) furent ensuite ajoutées par galion de Coca-Cola (environ 3.7 litres). Actuellement, les feuilles de coca sont importées aux Etats-Unis sous licence spéciale. Les alcaloïdes de coca sont extraits des feuilles, transformés en cocaïne hydrochloride, et vendues au géant pharmaceutique Mallinckrodt. Les feuilles transformées, débarrassées de leurs alcaloïdes, sont alors envoyées aux producteurs de sodas qui les utilisent comme arômes pour leurs sodas sucrés.
Coca-Cola était la seconde invention de John Pemberton. Son premier produit était le French Wine Coca, combinaison de vin et cocaïne, qui devint très populaire en France dans les années 1900 et inspiré par le Vin Mariani, inventé par le chimiste français Angelo Mariani en 1863 ; ce vin connut un tel succès que Mariani reçut une médaille du Pape Léon XIII. Les lois locales d’Atlanta, Géorgie, forcèrent Pemberton à retirer non pas la cocaïne, mais l’alcool, de sa boisson, qu’il remplaça par du sirop de sucre : le Coca-Cola était né. Pour des raisons essentiellement racistes, Pemberton retira la cocaïne en 1903 ; la cocaïne ne fut en effet déclarée illégale aux Etats-Unis qu’en 1914. Ironie du sort, dans les années 1550, pour des raisons également racistes, les feuilles de coca, qui étaient associées à des pratiques religieuses des Indiens Incas, devinrent un moyen pour les envahisseurs espagnols de diriger leurs esclaves. Ils avaient compris que les esclaves incas travaillaient plus dur et plus longtemps s’ils mâchaient des feuilles de coca.
On pourrait avancer, de nos jours, une forme de racisme de la part des pays développés, qui interdisent un usage légal des feuilles de coca tout en finançant et encourageant des produits à base de feuilles de tabac (plus addictifs et meurtriers) et de nicotine (qui n’est pas un narcotique mais devrait être considéré comme tel). Peut également être avancée une forme de discrimination religieuse. Le tabac et la nicotine en général sont en grande partie produits par des Etats protestants (Caroline du Nord, Kentucky, Virginie, Tennessee, Caroline du Sud et Géorgie) qui ont une énorme influence sur le Congrès Américain pour maintenir la légende (légale) que la nicotine n’est pas une drogue meurtrière. D’un autre côté, la coca est produite par des Etats situés le long de la Cordillère des Andes, à dominance catholique et religions autochtones. Et concernant le sucre, on ne peut omettre le fait qu’une part importante du racisme est née de la haine nécessaire à justifier la traite d’esclaves africains, dont la moitié d’entre eux – des millions de personnes – ont travaillé et sont mortes dans des plantations de sucre.
Vin Mariani
La raison du succès du Vin Mariani et du French Wine Cola réside dans la combinaison de l’éthanol, présent dans le vin, et de la cocaïne. Ils se transforment, une fois dans le corps humain, en coca-éthylène, qui agit de la même façon que la cocaïne, mais produit plus d’euphorie (Pisco de Coca, au Pérou, est l’un de ses équivalents modernes). En effet, au-delà de l’ingestion pure de cocaïne, cette utilisation l’a été comme stimulateur. L’un des plus grands inventeurs de l’histoire, et détenteur du plus grand nombre de brevets, Thomas Edison, buvait régulièrement du vin Mariani, ce qui explique en partie sa capacité à travailler jour et nuit sur ses inventions.
Un équivalent moderne du Vin Mariani est le Pisco, une eau-de-vie faite à partir de raisins, généralement de 35 à 45 degrés d’alcool (70 to 90 proof ??), populaire au Chili et au Pérou. Le cocktail national péruvien est le "Pisco Amer", un mélange de Pisco (eau-de-vie), blancs d’œufs, jus de citron vert, sirop et arômes amers. Le Pisco Amer est un stimulant suffisant pour la plupart des gens, mais il existe une version spéciale, le Pisco de Coca, qui contient des feuilles de coca et recrée la combinaison coca-éthanol.
Un équivalent actuel du Coca-Cola originel est produit par des entreprises de boissons gazeuses en Bolivie (par exemple, Ospicoca’s Coca Colla, qui a recommencé à produire des boissons à base de cola avec des alcaloïdes de coca dérivées des feuilles de coca), qui, combiné à du sucre de canne et non du fructose, rappelle beaucoup le Coca-Cola originel de Pemberton. Des extraits de coca sont également présents dans certaines boissons énergisantes. Dans tous ces produits, les extraits de coca sont utilisés pour leurs propriétés stimulantes traditionnelles (même si la plupart de ces produits n’ont pas besoin de beaucoup de stimulants supplémentaires, vu leur taux élevé de sucre et de caféine).
Produits à Base de Coca
Le site Internet www.cocatea.com vend des produits alimentaires, boissons et produits non-comestibles à base de feuilles de coca : caramels, cookies, nouilles, barres énergétiques, vin, savons, ainsi que de nombreuses variétés de thés et tisanes à la coca. Un bonbon, “Masticable de Coca”, produit par l’entreprise bolivienne Inalfa, se compose d’extraits de coca, de stévia, de miel et d’arômes naturels. Le gouvernement bolivien a créé la Directorate of Coca Leaf and Industrialization (Direction Générale de la Feuille de Coca et de l’Industrialisation) dirigé par Gumercindo Pucho, ministre délégué à la coca (2013), afin d’encourager la production légale de produits bénéfiques a la société. 40 entreprises sont actuellement inscrites et développent des produits à la coca ; même si ces produits sont généralement des ajouts de feuilles de coca à des produits alcoolisés ou sucrés déjà existants. Quelques entreprises produisent des pommades à base d’extraits de feuilles de coca pour soulager les douleurs.
Cliquez ici pour: Le guide de sécurité de l’INCHEM sur l’utilisation des feuilles de coca.
Année | Alcalo&iunl;de | Matière première | Découvert par | Application |
---|---|---|---|---|
1806 | Morphine | Opium | Sertumer | Fort antalgique |
1817 | Emetine | Racine d'ipeca | Pelletier & Magendie | Emetique, vomitif |
1819 | Caféine | Grain de café | Runge | Stimulant |
1819 | Atropine | Belladone SPELL CHECK ENGLISH AND SPANISH | Runge | Anticholinergique |
1820 | Quinine | Ecorce de quinquina | Pelletier & Caventou | Traitement de la malaria |
1828 | Nicotine | Tabac | Posselt & Reimann | Insectide |
1832 | Codéine | Opium | Robuquet | Antalgique |
1835 | Thébaine | Opium | Tibourmery & Pelletier | Antalgique |
1841 | Théobromine | Cacaoyer | Voskresensky | Vasodilataeur |
1848 | Papaverine | Opium | G. Merck | Relaxant musculaire |
1860 | Cocaïne | Feuille de coca | Niemann | Anesthésiant |